Aujourd’hui, je publie l’interview de MoonLady, une personne que je suis sur Instagram depuis quelque temps.
Je ne souhaite pas avoir d’enfants, mais je pense qu’il est important de promouvoir d’autres façons d’être parents, et d’élever ses enfants.
Peux tu te présenter rapidement ?
Je suis Selena, 23 ans, maman de Melody 22 mois ! Je pratique une parentalité dite « bienveillante », LSF, portage, cododo, (tire-)allaitement, DME.
Je suis aussi féministe et dans le mouvement bodypositive !
J’ai un compte Instagram @moon.lady_ qui parle principalement de maternité mais aussi de féminisme, de corps, de genre, de sexualité.
J’y raconte ma vie telle qu’elle est, sans filtre, avec toutes mes difficultés, sans tabous.
As-tu toujours eu envie de devenir mère ?
Pour moi être mère était une envie profonde, j’ai souhaité être maman jeune, dès que j’ai eu une stabilité et que j’ai su que je pouvais accueillir cet enfant. Malgré cela, je dirais que j’ai beaucoup fantasmé la parentalité. Je ne me suis pas beaucoup renseignée, je ne côtoyais pas de jeunes parents et les seuls échos que j’en avais étaient ceux de la génération de mes parents, une parentalité « années 90 ».
Je suis devenue mère comme un raz de marée, j’ai compris dès la sortie de la maternité que tout ce que je pensais était faux, que je ne savais rien.
Je me suis découverte une maman louve et fusionnelle, malgré une dépression post partum et une impression permanente de mal faire.
Comment es tu entré dans la maternité bienveillante ?
Ma fille ne voulait pas être posée. Je suis arrivée donc très vite dans le monde du portage, souhaitant répondre à ce besoin de mon bébé d’être contre moi après ces mois passés en moi.
En cherchant des tutos de portage, je suis tombée sur la chaîne YouTube de pinupmom, j’ai regardé ses vidéos et j’ai découvert plusieurs pratiques liées au « maternage » que j’utilisais déjà.
On m’a souvent reproché d’être trop collée à ma fille, même quand elle n’avait qu’un mois.
Les pédiatres, mes proches, me disaient de la faire dormir dans sa chambre, de la laisser pleurer, de lui donner à manger à heure fixe.
C’était une violence pour moi d’écouter ces conseils et un vrai soulagement de découvrir une autre manière de faire.
Malheureusement au même moment, un mauvais conseil d’une sage-femme a mis fin à mon allaitement. Souhaitant pour autant donner mon lait je suis devenue tire allaitante, ça fait 22 mois que ma fille reçoit mon lait, dont 20 dans un biberon.
C’est une épreuve extrêmement difficile mais aussi une grande fierté pour moi. J’ai été plusieurs mois modératrice d’un groupe Facebook de mamans pour parler de la confusion sein tétine et expliquer aux parents souhaitant allaiter leur enfant l’importance de ne pas utiliser de biberon.
C’est le sens que j’ai voulu donner à mon allaitement particulier.
Le cododo a toujours été une évidence, d’abord avec l’allaitement, puis avec les biberons.
Ne souhaitant pas me lever la nuit pour aller nourrir ma fille, je préfère d’un côté pratique rester près d’elle et me rendormir vite.
Puis, ma fille est un bébé avec des besoins très intenses, nous avons choisi de lui donner autant de nous qu’elle avait besoin, en la gardant près de nous pour dormir tant qu’elle en a l’envie.
C’est un plaisir pour nous de partager notre lit, tout en ayant notre intimité autre part lorsqu’elle dort, et en la rejoignant en allant dormir.
Ma fille exprimait beaucoup son besoin d’être autonome dans ses actions dès le plus jeune âge, la diversification menée par l’enfant (DME) nous a permis cela.
En donnant des morceaux fondants de nourriture, ça a permis à notre fille de s’alimenter seule et de découvrir les différents aliments.
Ça a également été un gain de temps considérable de ne pas devoir la nourrir à la cuillère. Aujourd’hui à presque 2 ans, elle mange comme nous et nous mangeons tous ensemble.
Suivant ce besoin d’autonomie, nous lui avons appris la langue des signes française, pour qu’elle puisse communiquer avec nous. Elle ne l’a pas énormément utilisée mais était heureuse de nous signer quelques mots dès 9 mois. Elle parle aujourd’hui extrêmement bien pour son âge (400 mots) et nous sommes fier.e.s d’elle !

Quel rôle tient le père de ton enfant dans la famille ?
Le papa de Melody a été à la maison jusqu’à ses 8 mois. Il est donc, tout autant que moi, l’adulte référent pour Melody. Je partirais le cœur léger plusieurs semaines en la laissant à son père. Il sait s’en occuper aussi bien que moi et a tout de suite souhaité prendre sa place.
Malgré ça, il n’a pas de mal à dire comme moi qu’avoir un enfant est très épuisant.
Nous avons eu des moments difficiles, et toujours aujourd’hui nous n’avons pas de temps libre et peu de temps pour notre couple.
Nous avançons ensemble en gardant en tête que nous avons encore un bébé et que le post partum dure 3 ans.
Tu te définis comme féministe, qu’est ce que apporte à ton quotidien de mère, mais aussi de femme ? ( et de quel mouvance du féminisme te sens tu proche ?)
Mon féminisme joue beaucoup dans ma vision de la maternité.
J’essaye d’élever ma fille dans une éducation éloignée des stéréotypes de genre, tout en questionnant déjà chez elle les inégalités de notre société.
Ma fille joue avec tous les jouets, porte toutes les couleurs, des vêtements avant tout confortables. Nous lui expliquons ses parties intimes en utilisant les mots correctes (vulve,…) tout en lui disant bien que ça ne définit pas le genre.
Nous souhaitons qu’elle voit tout type de personnes et de qu’elle grandisse avec différentes représentations autour d’elle.
Enfin, je me bats avec les diktats du corps, je revendique la beauté quel que soit sa taille, son poids ou ses caractéristiques.
Mes poils ne sont pas une revendication politique mais une préférence personnelle, je porte fièrement mes vergetures, mes tatouages font partie intégrante de moi. Mon but : ressembler visuellement le plus possible à la vision que j’ai de qui je suis.
La photo m’a beaucoup aidé dans la vision de mon corps ! Je me suis vue autrement, embellie par des supers photographes comme Leonie Stolberg ! Je le recommande à tout le monde pour prendre confiance en soi !

Pourrais tu me conseiller quelques livres/articles/revues/personnes comme si j’étais un.e jeune parent.e qui souhaitait se lancer dans la parentalité aimante et positive ?
Un conseil aux parents souhaitant pratiquer la parentalité positive et bienveillante : faites comme vous le sentez !
Votre pédiatre vous dit qu’il est temps de rendre votre enfant indépendant alors qu’il n’a qu’un mois mais vous sentez son besoin d’être près de vous ?
Écoutez vous et faites du cododo.
Tout le monde vous parle de l’allaitement comme une obligation mais vous ne le sentez pas du tout ? Biberonnez c’est très bien !
Vous souhaitez pratiquer la DME malgré que vos proches trouvent ça dangereux ? Renseignez vous, lisez, c’est la norme dans beaucoup d’autres pays !
Je ne vous conseille pas de livre, mais trouvez votre chemin, entourez vous de parents à qui vous pouvez demander de l’aide, poser des questions, allez dans des groupes de parents, en ligne ou à des activités, mais ne restez pas seul.e.s !
Un immense merci à elle, pour avoir pris le temps de répondre à mes questions, et en espérant que ça vous donnera envie de vous intéresser à ces thématiques !
