Queer et anarchisme

Etant en pleine découverte du merveilleux monde de l’anarchisme, je lis tout ce que je peux trouver pour m’instruire, mais au cours de mes lectures, je me disais que tout cela était quand même bien hétéro centré, et j’avais envie de vous parler de quelques figures, collectifs et événements importants en lien avec les pensées anarchistes et les personnes queer.
Il est important de noter qu’il s’agit d’un panorama et qu’il ne se veut pas exhaustif.

Au XIXe siècle, les anarchistes queer sont mal connus, parce que même si plusieurs allié.e.s luttaient pour les droits des personnes queer, comme dans tous les milieux, il y a un sexisme, et une LGBTphobie latente, donc il se peut que les queer anar soient plus nombreux.se.s que celleux que je vais présenter.

Première personne que je vais vous présenter : Lucia Sanchez Saornil, qui est la fondatrice principale de Mujeres Libres, une fédération anarcha-féministe, et qui était ouvertement lesbienne.
Elle commence par écrire de la poésie, enfant, et va être associée à l’Ultraisme, mouvement littéraire émergent de l’époque.
En 1919, elle a déja publiée dans de nombreuses revues comme Plural, La Gaceta Literaria ou Tableros. Elle explore les thèmes lesbiens en écrivant sous un pseudo d’homme, à une époque ou l’homosexualité est soumise à la répression et à la censure.
En 1936, elle rejoint les Mujeres Libres après avoir été déçus des préjugés chauvins des républicains. Cette organisation avait le double but de la liberation des femmes et de la libération sociale. Lucia et les autres membres de ce groupe rejetait l’idée que l’égalité des genres proviendrait naturellement d’une société des classes. Quand la guerre civile éclate, les Mujeres Libres comptent plus de 30 000 mebres, organisent des espaces sociaux réservés aux femmes, créent des écoles, des journaux et des programmes de garderie pour permettre aux autres femmes de travailler, ou de se battre

Autre figure tutélaire des queers anarchistes, Daniel Guérin, qui a fait son coming-out bisexuel en 1965. Il est une figure importante de la gauche des années 30 à sa mort en 1988. Apres son coming-out, il évoque l’hostilité de la gauche dans une grande partie du 20e siècle  « Il n’y a pas depuis très longtemps que le fait de se déclarer révolutionnaire et avouer son homosexualité soient incompatibles », écrivait Guérin en 1975. Avant même son coming-out, Guérin a été largement critique pour son étude du rapport Kinsey () en 1954, dans lequel il d »taille l’oppression des personnes homosexuelles en France : « Les [critiques les] plus sévères sont venues de marxistes qui ont tendance à gravement sous-estimer la forme d’oppression du terrorisme anti-sexuel. Je m’y attendais, bien sûr, et je savais que dans la publication de mon livre, je courrais le risque d’être attaqué par ceux envers qui je me sens le plus proche sur le plan politique ».

Il voit ses écrits sur la libération sexuelle censurés ou refusés dans des revues de gauche, et il s’éloigne du marxisme léninisme, a pris part aux révoltes de Mai 68, et a fait partie du mouvement de libération homosexuelle qui émerge après mai 68.

Au meme moment aux Etats Unis, le penseur anarchiste Paul Goodman, se déclare bisexuel. Son essai Being Queer a fait de lui une des figures de proue du mouvement de libération gay, qui émerge au début des années 70

Dans la seconde moitié du 20e siècle, on peut citer l’apparition du queercore, une forme de punk rock qui represente l’homosexualité de manière positive.

A cette époque, il existe deux groupes principaux d’anarcha queer : les Queer Mutiny, un groupe britannique, et le Bash Back !, un réseau américain, mais on peut aussi noter l’existence des Queer Fist, apparus à New York, qui se définissait comme « anti-assimilationist, anti-capitalist, anti-authoritarian street action group, came together to provide direct action and a radical queer and trans-identified voice at the Republican National Convention (RNC) protests » (un groupe d’action de rue anti assimilationniste, anticapitaliste, anti autoritaire, s’étant rassemblé pour faire de l’action directe, et une voix queer, trans et radicale aux manifestations contre la Convention nationale du parti républicain)

Les débuts du mouvement de libération gay partagent pas mal de fondements théoriques avec les mouvements anarchistes au milieu du 20e siècle. On pouvait entendre des slogans comme « 2-4-6-8,smash the church, smash the state » (2-4-6-8, détruire l’église, détruire l’état) pendant les émeutes de Stonewall en 1969. De plus les deux courants se concentraient sur le rejet des pensées normatives et une recherche de liberté et de plaisir personnel.

Plus récemment, des collectifs comme Eskalera Karakola en Espagne, ou Mujeres Creando en Bolivie, donnent de l’importance aux problemes des femmes lesbiennes et bi.e.s. Elle utilise notamment le graffiti ou la performance comme moyens d’expression artistique militant.

En Suède, la Fag Army est un collectif anarchiste queer, qui a lancé sa premiere action en 2014, en entartant le ministre de la Santé et des affaires sociales, leader du parti chrétien-démocraten  Göran Hägglund.

Be gay, do crime est un slogan populaire dans les Prides récentes, dans les manifestations pro LGBTQIA+, qui a été popularisé en 2018 grace a un meme crée par Io Ascarium, du collectif ABO Comux, qui vendent des bandes dessinés crées par des prisonniers LGBTQIA+

Ce slogan se veut anti capitaliste et anti autoritaire, car il implique que les crimes et l’incivilités peuvent etre nécessaires pour gagner des droits, étant donné l’illégalité de l’existence meme des personnes LGBTQIA+ dans le monde, et que les émeutes de Stonewall étaient une révolte ( on rappelle que les Pride étaient à l’origine une manifestation pour demander des droits, et se rappeler ces émeutes, et pas qu’une fête)

Be gay, do comics, une compilation de dessins américains, se veut une anthologie, concernant l’histoire queer, la mémoire et la satire ». La campagne de crowdfunding a été lancée en novembre 2019 sur Kickstarter, et est sortie en septembre 2020. Le titre se veut un rappel que la queeritude a toujours été transgressive, peu importe son statut légal.

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