La Satanée

Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

Je suis Agathe, aka La Satanée. Je suis une artiste illustratrice nantaise dont le travail s’apparente à l’art sombre appelé également “dark art”. Mon univers pictural est influencé par l’art médiéval, la peinture de la Renaissance et de l’École flamande, l’imagerie occulte, le symbolisme et les grands maîtres de la gravure (Albrecht Dürer, Gustave Doré…). Mon travail s’inspire de la littérature, de la musique et du folklore pour créer une imagerie faite de symboles et de paraboles mêlant mythes religieux et sciences occultes dans un univers où règne une nuit perpétuelle.

Quelles études as-tu effectuées ?

Je suis graphiste de formation. Après mon bac j’ai étudié 3 ans à l’école des Beaux-Arts de Pau (ÉSAD Pyrénées) en section design graphique. J’ai obtenu mon DNAP (Diplôme national d’arts plastiques) puis je suis entrée à l’École supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne pour y passer mon DNSEP (Diplôme national supérieur d’expression plastique) après 2 ans d’études. L’expérience a été assez désastreuse puisque je n’ai pas obtenu mon diplôme et j’y ai également croisé un professeur qui a violemment critiqué mes dessins de manière totalement gratuite. Ça m’a complètement bloqué et je n’ai presque plus dessiné pendant plusieurs années. J’ai ensuite déménagé à Paris pour y commencer un Master Design graphique en alternance que je n’ai pas terminé puisque j’ai été embauchée par la boite dans laquelle je faisais mon alternance.

J’ai finalement assez peu exploré le dessin pendant mes études qui étaient très axées sur la PAO et le graphisme pur et dur. J’ai assisté à quelques cours de nue mais je n’étais pas intéressée par la représentation technique du réel. Je n’ai cependant jamais complètement arrêté le dessin mais ça a toujours été une activité “à côté”, je n’avais jamais envisagé que ça puisse devenir réellement quelque chose avant de créer La Satanée et de me mettre à dessiner de manière plus régulière pour développer mon style.

Quelle est ta réalisation préférée de tous les temps ?

Pendant très longtemps ça a été Danse Macabre (réalisé en 2018) parce qu’on y trouve les fondamentaux de mon univers : Une forêt la nuit, le lieu privilégié de nombre de légendes folkloriques, des squelettes dansant frénétiquement avec un démon et une femme dont le flan est transpercé de flèches à l’image de Saint Sébastien. Mais aujourd’hui je travaille sur une illustration qui me tient particulièrement à cœur inspirée du film Excalibur de John Boorman qui m’a énormément marqué quand j’étais enfant. Et je pense que cette réalisation va devenir ma préférée. 

Avec quel(s) artiste(s) vivants ou morts aimerais-tu collaborer ?

Il n’y a pas d’artistes morts avec qui j’aurais aimé collaborer mais beaucoup que j’aurais aimé côtoyer. J’aurais adoré pouvoir apprendre d’Albrecht Dürer, Jérôme Bosch, William Blake, Gustave Doré et bien d’autres encore. Pour ce qui est des artistes vivants, j’aimerais beaucoup collaborer avec Les Førtifem bien sûr ! Mais aussi des personnes qui évoluent dans d’autres domaines artistiques, j’adorerais travailler avec l’autrice Taous Merakchi.

Comment as tu vécu les différents confinements niveau créativité ?

Globalement j’ai bien vécu les différents confinements. Le dernier était un peu plus pesant et j’étais un peu déprimée mais ça n’a pas affecté ma créativité. Le premier confinement était génial. Je suis graphiste freelance depuis quelques années et lors du premier confinement mes différents contrats se sont arrêtés ou ont été mis en pause et je me suis retrouvée avec tout ce temps libre et zéro obligation sociale, le rêve ! Avec mon mari (@satan_sanctus) on a pu faire toutes les choses qu’on avait pas le temps de faire au quotidien. On a beaucoup produit, on a pu tester la linogravure, j’ai créé ma boutique en ligne et on a sorti le volume 1 de notre fanzine Cult & Occult. Je garde un très bon souvenir de cette période qui a été trés productive et très stimulante pour ma créativité.

Comment se passe le processus de création d’une œuvre qui n’est pas une commande ?

C’est assez rare que je m’installe à mon bureau pour dessiner sans avoir une idée en tête. Je ne m’installe pas parce que j’ai “envie de dessiner” sans savoir quoi faire. Je me mets à dessiner parce que j’ai une image dans la tête que je veux (re)produire. Parfois l’idée survient et je m’y mets tout de suite, parfois je l’inscrit dans une note sur mon téléphone pour ne pas l’oublier et j’y reviens de temps en temps pour voir quelles sont les idées que je n’ai pas encore réalisées. Une fois que j’ai mon idée, j’ai une phase de recherche qui consiste à emmagasiner un maximum de références. Je cherche des images qui se rapprochent de celle que j’ai dans la tête (de par leur traitement graphique, l’atmosphère qu’elles dégagent, la position des corps, n’importe quoi qui puisse se rapporter à mon idée ou la nourrir). Pour cela je me sert majoritairement de Pinterest. Je crée un tableau avec toutes ces images que je viendrais consulter tout au long du processus de création. Une fois que je me suis bien imprégnée de ces références, je passe au crayonné. Parfois je fais un gribouilli préparatoire pour placer rapidement les éléments de ma composition, mais pas toujours. Une fois le crayonné terminé, il m’arrive de le scanner et de retravailler la composition sur ordinateur (changer la taille ou la place de certains éléments…). Enfin je passe à l’encrage en utilisant une table lumineuse et une nouvelle feuille de papier (ce qui m’évite de devoir gommer ensuite les traits de crayon et altérer le noir de l’encre). Pour l’encadrement, quand il y a en a un, j’utilise des cadres chinés sur Vinted ou ailleurs. Et voilà !

Avec quel matériel travailles-tu ? 

Pour le crayonné j’utilise un crayon de papier HB ou 2H et du papier simple. Ensuite pour l’encrage je passe sur du papier bouffant classique et j’utilise des fineliners MICRON Pigma pour les contours et les détails. Pour le fond, les touches de rouge et le blanc, j’utilise des Posca. 

Est ce plus difficille de percer dans le milieu de l’illustration du fait d’être une femme ?

Je pense que c’est déjà très difficile de percer dans le milieu de l’illustration de manière générale. Et même une fois qu’on a percé, c’est extrêmement dur d’en vivre convenablement. Ce qui est plus difficile en tant que femme c’est d’être prise au sérieux. Mais ce n’est pas spécifique au milieu de l’illustration. L’invisibilisation des femmes c’est quelque chose de systémique et de généralisé alors oui, dans l’illustration, comme ailleurs, il faut redoubler d’efforts pour être vue et surtout entendue et c’est parfois épuisant.

Quels sont tes projets pour la suite ? 

Je travaille actuellement sur un projet d’exposition collective en non-mixité qui mettrait en avant des femmes artistes de la région nantaise et Loire-Atlantique dont la pratique artistique et l’univers s’apparente au dark art. Le projet devrait voir le jour courant 2024, pour l’instant nous n’en sommes qu’aux prémices, rien n’est encore défini mais c’est en bonne voie.

Sinon j’ai toujours en tête de sortir le volume 2 du fanzine que j’ai créé avec Satan Sanctus, peut-être pour la fin d’année 2023.

J’aimerais aussi beaucoup collaborer avec de nouvelles personnes, des maisons d’éditions, des groupes de musique… J’adorerais illustrer un recueil de contes gothiques ou de poésie.

Vous pouvez découvrir son travail sur Instagram, Mastodon, son portfolio vous procurez ses œuvres sur son site, et soutenir son travail su Tipeee.

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