Virginie Despentes

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de Virginie Despentes, et encore une fois je me demande bien pourquoi j’ai attendu si longtemps pour écrire sur elle.

D’ailleurs, c’est assez drôle, mais j’ai regardée Despentes avant de la lire. En effet, le film Bye bye blondie a bercé mon adolescence, et ce n’est que bien plus tard que je me suis intéressée à ces écrits. Pour le moment, j’ai lu King Kong Théorie, que j’ai trouvée absolument génial,Apocalypse Bébé, que j’ai trouvé tout aussi génial et Cher connard, que j’ai trouvée assez moyen.

Mais j’ai envie de lire d’autres ouvrages d’elle, et de voir le documentaire sur le porno qu’elle a sortie il y a plusieurs années, pour pouvoir continuer d’écrire des articles sur le porno queer et féministe. Comment ça vous ne savez pas que j’ai écrit 9 articles sur le sujet ?

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Virginie Daget, plus connue sous le pseudonyme Virginie Despentes, est une écrivaine et réalisatrice française, née à Nancy le 13 juin 1969.

Fille de postiers syndiqués à la CGT, elle participe dès son plus jeune age à des manifestations, et chantera L’Internationale à deux ans.
Enfant, elle aime lire des auteurs subversifs comme Reiser et Wolinski, et se bagarrer avec les garçons.

Pendant son adolescence, elle se fait élire chaque année comme déléguée de classe, mais elle échoue à mobiliser ses camarades contre leurs profs, dont elle juge l’enseignement réactionnaire, et à les entraîner dans des gréves.
Elle découvre l’écriture grâce à un prof de français amateur d’Hubert Félix Thiéfaine et de Joy Divison.

A 15 ans, elle est enfermée contre son gré en hôpital psychiatrique pendant deux mois, s’ensuit une déscolarisation et une errance.
A 17 ans, elle est violée, en faisant d’un stop, en rentrant d’un voyage à Londres, ce qui lui inspirera un chapitre dans son ouvrage King Kong Théorie
Cette expérience sera également une grande inspiration pour le personnage de Manu dans son premier roman Baise Moi.

Elle passe son bac en candidate libre alors qu’elle travaille en tant que femme de ménage, puis s’inscrit à Lyon dans une école de cinéma.

Habitant dans un foyer à la Croix Rousse, elle sombre dans l’alcoolisme et s’enivre de lectures de Bukowski. Elle multiplie les petits boulots comme superviseuse pour un réseau Minitel, employée chez Auchan, baby-sitter, vendeuse chez un disquaire, puis pigiste pour des journaux de rock. Fan des Bérurier Noir, elle fréquente le milieu punk et autonome.
Le manque d’argent l’amène à se prostituer via Minitel, mais aussi dans des salons de massages et des peep shows.

En 1992, alors atteinte d’un grave eczéma généralisé, elle écrit en un mois son premier roman Baise-moi, dans la maison de ses parents, qu’ils lui laissent pour les vacances.
A l’automne, elle rejoint un squat parisien. Son manuscrit circule sous formes de copies dans le milieu punk, mais est refusé par neuf maisons d’éditions, et même par les librairies qui proposent des ouvrages en dépôt. En effet, son style trash ne plait pas et effraie même les professionnels du milieu.

En 1993, elle travaille à Paris comme critique de films pornos pour un magazine, et continue occasionnellement de se prostituer.

En 1994, elle est vendeuse au Virgin Megastore des Champs-Elysées, elle a perdue son propre manuscrit de Baise-moi, et a renoncé à sa carrière d’autrice, mais un ami, à son insu, présente une copie à Florent Massot, un éditeur d’albums sur la contre culture des banlieues. Il prend le risque de publier pour la première fois un roman, mais la diffusion ne dépasse pas le cercle des fanzines et des squats dans un premier temps. Elle choisit un nom de plume, Virginie Despentes, qui fait référence au quartier des pentes de la Croix Rousse de Lyon.

Elle fait passer une copie à Patrick Eudeline, qui en fait une chronique qui parvient à Thierry Ardisson, qui en fait la promotion dans son émission Paris Dernière.

En 1995, elle rencontre Ann Scott, autre aspirante écrivaine qui n’est pas encore publiée et emménage chez elle.
Le roman se vend à 40 000 exemplaires, ce qui attire l’attention de Laurent Chalumeau, qui en fait la promotion dans Nulle part ailleurs, sur Canal+

Quand elle fait la promotion de son livre, elle répond qu’elle a été pute « avec autant de plaisir que j’avais eu à le faire »

Elle publie son deuxième roman en 1996, Les Chiennes savantes, qui est un roman policier qui se veut « un portrait noir d’une certaine condition féminine de la France postmoderne, antithèse des « femmes savantes »

Elle publie aux éditions Grasset en 1998 son troisième roman Les Jolies Choses, « remake grunge des Illusions Perdues », écrit en trois jours sous coke.
Ce roman reçoit le prix de Flore 1998 et le prix littéraire Saint-Valentin 1999. Il sera adapté au cinéma.

En 1999,Librio publie Mordre au travers, un recueil de nouvelles subversives.

Depuis de nombreuses années, elle souhaite adapter Baise-moi au cinéma, mais sans scènes de sexe, tout en donnant les premiers rôles à des performeuses porno.
Elle finit par obtenir l’accord de Philippe Godeau, de la société Pan Européenne, en proposant un film tourné caméra à l’épaule, où les scènes de sexe ne sont pas simulées ni censurées.Pour réaliser son film, elle est aidée par Coralie Trinh Thi, actrice porno.

Le film sort dans 60 salles en juillet 2000, la critique est scandalisée par le coté subversif du propos, les associations féministes, les milieux catho conservateurs et les militants d’extrême droite obtiennent le droit d’interdiction immédiate apres seulement trois jours d’exploitation, grâce à une tribune « Sexe, violence, le droit d’interdire » dans le Nouvel Observateur.
Cela a également permis de remettre la censure pour les moins de 18 ans, qui n’était plus utilisée depuis 1981.

Après avoir fréquenté Philippe Manoeuvre, elle est « devenue lesbienne à 35 ans »

Elle partagera ensuite la vie du philosophe Paul B.Preciado pendant dix ans, et dira à propos de leur relation :

« Ma vision de l’amour n’a pas changé, mais ma vision du monde, oui. C’est super agréable d’être lesbienne. Je me sens moins concernée par la féminité, par l’approbation des hommes, par tous ces trucs qu’on s’impose pour eux. Et je me sens aussi moins préoccupée par mon âge : c’est plus dur de vieillir quand on est hétéro. La séduction existe entre filles, mais elle est plus cool, on n’est pas déchue à 40 ans. »

En 2006, elle publie King Kong Théorie, un essai féministe dans lequel elle aborde de nombreux sujets,de manière plus ou moins auto biographique. D’ailleurs, même si le propos est un peu daté sur certains points, je vous recommande chaudement de le lire.

Apres avoir passé trois ans à Barcelone auprès de Preciado, elle revient sur le devant de la scene en réalisant en 2009 son premier documentaire Mutantes (Féminisme Porno Punk), qui sera diffusé sur Pink TV

En 2010, elle publie Apocalypse Bébé, qui recoit les prix Trop Virilo et le prix Renaudot la meme année. Livre que j’ai lu et que j’ai vraiment apprécie.

En 2012, elle réalise l’adaptation de son libre Bye Bye Blondie, avec Emmanuelle Béart et Béatrice Dalle en premiers rôles

En 2015, elle commence sa série Vernon Subutex, trois volumes sortiront respectivement en 2015, et 2017.

Après la cérémonie des César 2020, où Roman Polansky reçoit des prix (la honte), elle signe une tribune en soutien à Adèle Haenel dans Libération.
France Inter publie une « Lettre adressée à mes amis blancs qui ne voient pas où est le problème », dans laquelle elle dénonce le déni de racisme, et explique en quoi être blanc est un privilège. Elle écrira notamment :

« En France, nous ne sommes pas racistes mais je ne me souviens pas avoir jamais vu un homme noir ministre. Pourtant j’ai 50 ans, j’en ai vu, des gouvernements. En France, nous ne sommes pas racistes mais dans la population carcérale les Noirs et les Arabes sont surreprésentés. »

Dans cette lettre, elle évoque le manque de diversité dans les médias, les controles au faciès, les inégalités pendant le confinement, et apporte son soutien au rassemblement contre les violences policières, organisé par le collectif La Vérité pour Adama.

Elle est également membre du Collectif 50/50, qui souhaite promouvoir l’égalité homme/femme, et la diversité dans l’audiovisuel.

En 2022, elle lance une maison d’éditions La légende éditions, pour publier des ouvrages féministes, et sort son roman épistolaire Cher connard. Roman que je me suis empressée d’acheter à sa sortie, mais dont j’ai été déçue, essentiellement parce que je n’aime pas trop les romans épistolaires, et parce qu’elle semble trouver des excuses au personnage principal qui a harcelé sexuellement une femme.

Malgré ça, je pense que c’est une autrice importante du Panthéon littéraire français, et qu’il faut lire quelques unes de ses ouvrages.

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