Paule Mincke

Pour continuer ma série sur les femmes qui ont jouées un role important dans la Commune, je vous parle aujourd’hui de Paule Mincke.

Née Adeline Pauline Mekarski, dite Paule Minck, elle nait le 9 novembre 1839 à Clermont-Ferrand et meurt le 28 avril 1901 à Paris

D’origine aristocratique par son père, le compte Jean Nempomucène Mekarski, cousin du roi Stanislas II de Pologne, réfugié en France après la répression de la révolution polonaise, elle reçoit une solide instruction.

Après s’être mariée à un prince et ingénieur polonais, dont elle a deux filles, elle est obligée de gagner sa vie comme journalste, apres leur séparation. Fervente républicaine dès l’age de 16 ans, elle est hostile au Second Empire, et se tourne vers le socialisme révolutionnaire, apres avoir pris conscience, avec les conférences de Maria Deraismes, de la nécessité de lutter pour les droits des femmes, et pour le droit des travailleuses notamment. Elle est animée par un fort anticléricalisme, qui l’amne a d »fendre la légilsation du divorce, contre la représentation sacrée du mariage.

On a dit […] que le mariage, c’était l’institution divine; c’est pour cela que nous n’en voulons pas, parce que nous ne voulons ni de Dieu, ni de puissances .

Alain Dalotel (dir), Paule Minck, communarde et feministe , Syros, 1981 (ISBN 978-2901968535), p. 143

Elle monte à Paris en 1867, elle milite avec André Léo ( dont je vous ai déja parlé ici) , et gagne sa vie en donnant des cours de langue et de travaux d’aiguille.

En 1868, elle fonde la « Société fraternelle de l’ouvrière », une organisation révolutionnaire, féministe, et mutualiste, puis elle adhère à l’association Internationale des travailleurs,en mettant l’accent sur les droits des femmes au travail salarié et à l’égalité salariale ( comme quoi les combats d’aujourd’hui ne datent pas d’hier)
Elle collabore avec Maria Deraismes à une série de conférences sur le travail des femmes, qui ont été les premières réunions publiques autorisées sous l’Empire. En 1869, elle cofonde avec Louise Michel, Léon Richer et Maria Deraismes, la Société pour la revendication des droits civils des femmes, et lance le journal les Mouches et l’Araignée. Mais il se voit rapidement interdit de parution dès le deuxième numéro car elle critique Napoléon III, en le comparant à une araignée dévorant son peuple, les mouches.

Lorsque la guerre contre la prusse éclate en 1870, elle organise la défense d’Auxerre contre les Prussiens, et elle se voit offrir la légion d’honneur pour cela, mais elle la refusera. En 1871, lors de la Commune de Paris, alors qu’André Léo collabore avec l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, elle ouvre une école professionnelle gratuite dans l’église Saint Pierre de Montmartre, et anime le Club de la victoire. Elle participe à de nombreuses réunions et organise un corps d’ambulances. Dans ces espaces de démocratie directe, Benoit Malon décrira ses réunions comme des lieux où « des orateurs improvisés prêchaient […] la sainte révolte des pauvres, des exploités, des opprimés […] et surexcitaient les énergies pour le combat décisif. » (Claude Willard, Les guesdistes : le mouvement socialiste en France, 1893-1905, Paris, Éditions sociales, 1965, 770 p., p. 635.)

Elle collaborera également avec le journal Paris libre de Pierre Vésigné, et fait partie avec Louise Michel, du comité de vigilance de Montmartre.

Propagandiste énergique, elle anime des clubs révolutionnaires aussi bien en province qu’à Paris, c’est en province qu’elle se trouve lors de la Semaine sanglante, et échappe donc au peloton d’exécution ou au bagne.

.Elle s’exile en Suisse, cachée dans le tender d’une locomotive. Elle vivra en Suisse et à Genève de façon misérable entre 1871 et 1880, en donnant des leçons, en faisant des travaux d’aiguille et en rédigeant des articles de presse.

Elle revient en France en 1880 après l’amnistie des Communards. Alors qu’elle est blanquiste à l’origine, elle se tourne vers les positions de Bakounine, et fait la connaissance de Jules Guesde.

De retour en France en 1880, elle séjourne à Marseille, Lyon et Montpellier. Dix ans après la répression de la Commune elle continue à défendre ses idées révolutionnaires :

« On avait cru que cette commune était finie. Non ! Elle est plus vivante que jamais […] c’est nous qui, en 1871, avons sauvé la République […] Il faut que nous ayons la liberté absolue, si on ne veut pas la donner, il faut la prendre. Ce que nous voulons, c’est la république démocratique » (J. Eincher, Franchir les barricades, Les femmes dans la Commune de Paris, Paris, Editions de la Sorbonne, 2020 (ISBN 9791035105228), p. 200)

Au congrès du Havre de la Fédération du Parti des travailleurs socialistes de France, elle défend vigoureusement le collectivisme socialiste contre le mutualisme proudhien, et l’accès égal à l’instruction pour filles et garçons.

En 1881, elle défend une nihiliste russe qui a essayée d’assassiner le tsar,puis pour ne pas etre expulsée de France, elle épouse un ouvrier anarchiste, afin d’obtenir la nationalité française. Il reconnaîtra les deux filles qu’elle a eu de sa précédente union avec le peinte Jean Baptiste Noro, et ils auront deux enfants : Lucifer Blanqui Vercingetorix, mort en bas age et Spartacus Blanqui Revolution, renommé Maxime par le tribunal

C’est en assistant à une de ses conférences, le 3 décembre 1881, que Ravachol abandonnera ses idées religieuses.

Elle a participé de maniere tres activie au Parti ouvrier français, fondé en 1882 par Jules Guesde, et elle se présentera aux législatives de 1893 dans les 6e arrondissement de Paris, alors que les femmes n’ont pas le droit de voter, mais rien n’est dit sur leur droit à se porter candidate.

En 1888, elle devient rédactrice en chef du journal le Socialiste des Pyrénées-Orientales à Perpignan, avant de revenir à Paris ou elle a été une des rédactrices du journal La Cocarde, fondé par Maurice Barres, de 1894 à 1895; Elle collabore également à la Petite République, l’Aurore, mais aussi la Fronde, fondé en 1897 par Marguerite Durand.

Pendant l’affaire Dreyfus, elle s’engage aux cotés des dreyfusards.

A sa mort, elle est incinérée au Père-Lachaise, ou se presse une foule de socialistes, féministes et anarchistes le 1er lai 1901. Ses cendres sont déposés dans une concession gratuite du columbarium du Père-Lachaise, concession renouvelée jusqu’en 1931, date où elle est reprise par l’administration.

Le journal Le Progrès lui rendra hommage dans un article du 18 mai 1901 « Paul Minck et la Paiva »

En 2019, l’association l’Escouade renomme temporairement une rue à son nom à Genève, puis en 2021, à l’occasion du 150e anniversaire de la Commune de Paris, un jardin public du 20e arrondissement de Paris est inauguré sous le nom de « jardin Paule Minck »

Bibliographie :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Paule_Minck

Alain Dalotel (dir), Paule Minck, communarde et féministe , Syros, 1981 (ISBN 978-2901968535), p. 143

Claude Willard, Les guesdistes : le mouvement socialiste en France, 1893-1905, Paris, Éditions sociales, 1965, 770 p. (lire en ligne [archive]), p. 635.

J. Eincher, Franchir les barricades, Les femmes dans la Commune de Paris, Paris, Editions de la Sorbonne, 2020 (ISBN 9791035105228), p. 200

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